humour00.jpg

Cher abstentionniste, Camarade abstentionniste,

Oui, je sais, c’est peut-être présomptueux de t’appeler « camarade », mais statistiquement, tout le monde affirme que tu dois être un ancien électeur de gauche.

Camarade, donc, tu refuses de participer et c’est bien ton droit. Le droit de vote reste, en France, est une possibilité offerte et non une obligation. Libre donc à chacun d’exercer ce droit ou non, au gré de ses humeurs. Lorsque seulement 30 à 35% des appelés aux urnes boudent l’invitation nos analystes considèrent que l’auto exclusion est acceptable et on ne se préoccupe guère de savoir qui se cache derrière le pourcentage. Lorsque l’abstention concerne la moitié, et plus, des électeurs appelés aux urnes, nos politiques s’en émeuvent…en tout cas jusqu’au soir du deuxième tour. Pourquoi refuser de choisir…peut-être parce qu’on ne connaît pas les choix possibles – régulation, libéralisme, nationalisme, développement durable, il faut être sacrément intéressé pour pouvoir décider.

Ce qui est sûr, c’est que ce ne peut être l’offre politique qui te paraît insuffisante : de la droite fascisante à la gauche contestataire, l’éventail était large, même les agriculteurs et les régionalistes avaient leur liste.

Ce qui est certain, c’est que le scrutin t’intéresse, puisqu’en 2004, l’abstention avait été faible.

L’origine de ta désaffection est donc à trouver ailleurs

Qui es-tu abstentionniste ? De gauche peut-être, à l’origine, tu as été rejoint par les déçus du sarkozysme. Depuis une semaine tous les politiques tentent de te dépeindre.

A droite, on te chouchoute, on te caresse dans le sens du poil, on irait même jusqu’à t’impressionner en enterrant des policiers vivants ou te faire prendre des pompiers Catalans pour des terroristes basques, histoire que tu n’oublies pas d’avoir peur, et, sur un malentendu, de déposer un bulletin UMP dans ton urne la plus proche.

A gauche, on tente de te caractériser mais cela reste difficile. Bien qu’on te comprenne, on aimerait te prendre par la main pour que tu participes à la dé-sarkozyation du pays.

On t’imagine tout juste licencié, expulsé de ton logement ou sur le point de l’être, déçu, frustré, en colère contre tout et tous, avec le sentiment de solitude chevillé au corps, pour ne pas dire d’isolement.

---

Tu y avais cru au « travailler plus pour gagner plus », il t’avait l’air dynamique le nabot, pour tout dire, tu l’avais trouvé convaincant et cela t’avait encouragé à basculer à droite pour les cinq prochaines années. Mais trois ans après, la désillusion est grande et la démobilisation te gagne, tu refuses désormais de faire confiance à qui que ce soit et tu préfères rester chez toi plutôt que de refaire l’erreur de 2002.

---

A 25 ans, un BTS en poche, tu te dis que ce n’est pas demain qu’on te proposera la présidence de l’EPAD, bien qu’étant aussi diplômé que le prétendant. Tout fraîchement sorti de l’école tu considères qu’aucun homme politique ne sera capable de te trouver un boulot et te sortira de la galère. Tu n’as connu, jusque là, que Chirac et Sarko et tu n’imagines pas le PS capable de proposer une alternative, considérant que la crise touchera toujours les mêmes.

---

Exclu depuis 10 ans déjà, suite à un licenciement, tu considères qu’il est préférable de t’occuper de trouver un foyer d’accueil et l’adresse du resto du cœur plutôt que de te préoccuper d’élections. Tu en a marre de ces politicards qui apparaissent le temps d’une élection.

Qui es-tu abstentionniste ? Qui que tu sois, il va bien falloir un jour que tu te décides à changer ta situation et faire confiance en l’avenir. La gauche t’en propose un, tu as jusqu’en 2011 pour y réfléchir, participer et choisir d’agir contre ceux qui t’exploitent et non forcément ne t’en prendre qu’à toi-même

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :