Signe des temps, le burkini est devenu en quelques jours, le sujet de conversation et le scoop favori de l’été. Tout le monde en parle, surtout nos chaines d’informations continues et chacun doit forcément avoir un avis sur le sujet. Pas un homme politique qui ne puisse y échapper et qui doive émettre un avis original sur la question, pas un spécialiste de ce genre d’affaire qui vienne nous « éclairer » sur le sujet de l’islamisation.

Depuis déjà longtemps, les plages étaient peuplées de gens divers en bikini, en tee-shirt ou d’une tout autre manière sans que cela n’entraine de longues discussions ni qu’on en fasse la une de nos journaux et encore moins qu’on légifère sur ce point. Il aura fallu quelques attentats et une radicalisation des positions politiques à droite, au centre et dans une partie de la gauche (ça commence à faire beaucoup de monde) pour qu’aujourd’hui on traque le moindre signe interprétable comme religieux et conséquemment comme une manifestation d’un djihadisme latent. Nous traquons désormais tout ce qui pourrait donner raison aux extrémistes nationaux : à savoir toute manifestation qui pourrait corroborer l’idée que nous sommes cernés, colonisés voire déjà envahis, par les forces islamistes et que… « Décidément, ma brave dame, tout fout l’camp…et ce qui nous faudrait c’est une bonne guerre ».

Nous sommes devenus une nation paranoïaque, interprétant toute activité d’une infime partie des musulmans de notre pays comme les signes de l’affirmation de l’islamisme radical et de la peur de son influence sur l’ensemble de la population. Or, les phénomènes de type archaïque comme le port du burkini sur nos plages restent foncièrement exceptionnel et correspond plus à une provocation d’une minorité traditionaliste qu’à un mouvement de fond travaillant tous les musulmans en France. La plupart de « nos » musulmans ne sont pas plus cons ni traditionalistes que la plupart des autres croyants dans notre pays et certainement le sont-ils généralement moins que nos culs bénis du « mariage pour tous ».

Il n’en reste pas moins vrai qu’un burkini est laid et moins affriolant qu’un bikini échancré, à condition que la personne qui le porte, en soit une digne représentante. Bref, on cherche à avoir un code vestimentaire applicable sur les plages et bientôt celles-ci deviendront un lieu codé, là où justement, il n’y en avait aucun : de la pin-up en string minimaliste au papi en short, chaussettes sandalettes, en passant par tous les accoutrements plus ou moins couvrant, tout le monde avait sa place sur le sable.

Cet état de fait reflète un repli généralisé et une vision traditionaliste de plus en plus envahissante. Nous ne sommes pas devenus des électeurs majoritairement du fascisme national, mais nos esprits mêmes réfléchissent avec ce logiciel des années 30. A quand les pancartes interdisant les plages, les lieux publics et les restaurants aux chiens aux Arabes (oui, en France on assimile tout ce qui est bronzé à un Arabe) et aux homosexuels. Traquera-t-on demain les seins nus et toute autre tenue jugée indécente comme nous chassons aujourd’hui les burkinistes. Irons-nous jusqu’à affirmer pour notre sécurité qu’il faut dans un pays, un seul peuple et un chef. Encore un effort, pays malade et on pourra dire que, comme en 33 en Allemagne, un peuple a élu démocratiquement le diable et s’en félicite.

Et pendant ce temps notre planète chauffe
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