Il est encore un temps récent où chacun y allait de son pronostic concernant le score du F.N aux élections à venir. Désormais, il ne s’agit plus de savoir si localement ou nationalement, les fachos vont franchir la barre fatidique des 20,30 ou 40%, on pronostique désormais sa victoire à chaque élection.

Si en 2012, on pouvait espérer que l’arrivée d’un PS à l’Élysée serait un contre-feu à la montée du F.N, 4 ans de politique crypto-libérale plus tard, la peste brune envahit les têtes, y compris les têtes pensantes.

Nous n’en sommes plus à la LePenisation des esprits, cette phase est terminée depuis longtemps. Le fascisme s’insinue désormais, aussi, chez nos intellectuels. La sphère médiatico-politique adoubée par notre classe dominante nous assène des vérités d’un autre âge sans que ces assertions soient peu ou prou remisent en cause. Tellement persuadé que demain, notre croissance reviendra et que désormais c’est à l’adaptation de nos concitoyens que l’on doit appeler pour faciliter son retour, la pensée unique gagne les plus critiques de nos analystes télévisuels et leur font admirer les thèses réactionnaires du repli sur soi et de l'exclusion. On en vient donc à ressortir sous un vocable plus socio-économique cette maxime propre au XIXème siècle libéral – s’adapter ou mourir. Salariés, réfugiés, petites gens, adaptez-vous!

On trouve aujourd’hui ahurissant que des salariés en viennent aux mains lorsqu’on leur annonce 2000 suppressions d’emploi et bon nombre de nos commentateurs y voient même une rigidité voire un archaïsme syndical en omettant de nous informer sur les retraites chapeau que ces mêmes dirigeants s’octroient avant de laisser la boite exsangue. On fustige l’abstentionniste à chaque consultation électorale sans regarder l’apathie foncière des candidats à leur simple réélection.

Qui pour s’offusquer ? A gauche, vraiment rien de nouveau ! Englués dans un passéisme réactionnaire mélangeant nostalgie productiviste et conservation des états de fait, la gauche est devenue inaudible et synonyme, pour l’électeur moyen, de cour de récréation où chacun crêpe le chignon de son voisin. Social-traite, stalinien ou encore gauchiste, voilà les noms d’oiseau que s’envoient à la tête, PS, PCF ou encore quelques groupuscules de gauche formés à la hâte. L’intérêt unique de nos élus de gauche est aujourd’hui d’être réélu, rien de plus. On en vient même à organiser des référendums « C’est nous ou l’extrême-droite »….sauf que l’extrémisme libéral, c’est déjà eux.

Qui pour repenser la baisse du temps de travail ? On préfère regarder nos voisins allemands et leurs emplois à 1 euro de l’heure et considérer que nos chômeurs Français ont bien (trop) de la chance.

Qui pour engager une révolution environnementale ? On préfère encenser le sérieux budgétaire qui devrait ramener la sacro-sainte croissante mortifère pour notre environnement et notre système social.

Qui pour engager des réformes sociétales, à l’instar de ce qu’avaient fait nos ainés, en mettant en place la sécurité sociale dans un pays dévasté par cinq années de guerre ? On préfère accumuler les aménagements stériles qui ne font qu’entretenir le système et (surtout) qui garantit la réélection ou pire encore, l’alternance, cette faucheuse à deux lames – la première lame sarkozyste lève le poil de la contestation et la seconde lame PS la coupe à ras-

Sur ce brulis idéologique où depuis déjà longtemps plus aucune idée neuve ne pousse, les fascistes prospèrent. Certains vont même jusqu’à citer Jaurès ou Blum dans un sursaut de populisme, laissant penser que l’alternative, c’est eux. A l’instar de la vieille recette, déjà écrite dans les années 30, où certains tombés dans l’escarcelle du néonazisme, se faisaient nommer national-socialiste. Cet oxymore idéologique revient doucement mais surement.

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