Pour ceux d’entre vous qui avaient la bosse des maths, ou pour les moins matheux légèrement masochistes, je vous conseille la lecture de « L’Imposture économique » de Steeve Keen. Avec quelques boites d’aspirine et un distributeur de café à proximité, (c’est l’auteur qui le dit…à juste titre) vous pouvez vous lancer dans l’aventure. Si vous êtes comme moi, vous serez incapable de redonner les brillantes démonstrations de cet économiste Australien, mais au moins, vous aurez compris que depuis une quarantaine d’année (moment du retour en force, sur le devant de la scène économique, des théories néo-classiques) le modèle que l’on veut conforme à ce qui devrait se passer au niveau macro-économique, est un modèle complètement bancal, obsolète et maintenu artificiellement en vie par l’idéologie dominante.

Nos brillants économistes mondiaux dont certains ont obtenu le prix de la Banque Suédoise dit Prix Nobel d’économie, tel Debreu, sont en fait des magiciens théoriques qui refusent de voir la réalité en face persuadés que

1/ il existe bien une offre et une demande qui tendent vers l’équilibre

2/ que le marché de l’emploi obéi aux mêmes règles que les autres marchés

3/ que toute intervention d’une autorité quelconque est nuisible à un système économique qui, le suppose-t-on, est voué à l’équilibre général et durable. (Souvenez-vous Reagan et Thatcher « l’état n’est pas la solution…c’est le problème »)

Ces théories du XIXème siècle remises au goût du jour par un arsenal mathématique économétrique aussi ahurissant qu’inefficace éclaire nos dirigeants mondiaux depuis maintenant quarante ans. Ces mêmes économistes orthodoxes qui n’ont pas vu arriver la grande dépression de 2007 (alors que d’autres, plus hétérodoxes, tiraient la sonnette d’alarme depuis une dizaine d’années) sont encore aujourd’hui les maitres à penser de nos gouvernements et des institutions financières internationales.

En comparaison de la physique, c’est comme si nous en étions encore sur les théories de Ptolémée qui affirmait que la terre était plate et au centre de l’univers. La science économique néolibérale est-elle donc une science ou une secte ?

Observer ce qui se passe.

On ne les attendait pas, et pour tout dire on connaissait la réponse, invariable depuis des mois, mais le rituel médiatico-politique veut qu’à chaque fin de mois la mauvaise nouvelle nous soit assénée : le chômage a encore augmenté. Selon les chiffres officiels de Pole-Emploi, le nombre de demandeurs d’emploi recensés atteint le chiffre record de 3.51 millions. On vous fait grâce des milliers, voire des millions de ceux qui ont déserté les bureaux de l’agence, désespérés par un marché de l’emploi qui ne les calcule plus (au deux sens du terme).

Mauvaise nouvelle, direz-vous ? Pas si sûr, selon les économistes ! La hausse diminue, comme quoi, une bonne politique libérale et son arsenal d’hypothèses macroéconomiques foireuses a de quoi réjouir : on prévoit même une amélioration… pour 2022. En corollaire de cette affirmation de nos prévisionnistes à la petite semaine, nous avons aussi nos thuriféraires du sérieux budgétaires et de la rigueur sociale qui clament haut et fort que, bon dieu !! mais les chômeurs et les travailleurs sans qualification sont tout de même bien trop payés. Les rats ! Si le chômage grimpe, c'est la faute à tout ces assistés qui en demandant l'aide de l’État faussent la bonne marche de la concurrence parfaite

Autre bonne nouvelle : nos politiques, toujours un peu à la remorques de nos brillants économistes néo-libéraux, savent théoriquement (mais pas bien encore, en pratique) ce qu’il faudrait pour que l’emploi bondisse enfin. Il nous faudrait une croissance de 3%...avec une telle croissance, on est tous au turbin !

Avez-vous remarqué l’importance du 3, en économie libérale.

Une troïka,

3% de déficit comme norme de gestion

3% de croissance attendue comme l’arrivée du bonheur sur terre.

Il faut donc préserver, toujours selon nos mêmes économistes, ces trois 3, pour que se réalise notre bonheur d’homo-économicus mal dégrossi.

Pour ce qui est de la troïka (BCE, FMI, et commission européenne), il est certain que sa politique qui veut que les plus pauvres remboursent la dette des plus riches , est d’une clairvoyance économique sans faille. Après avoir torpillé les économies Portugaises, Espagnoles, Irlandaises et Grecques, elle pourrait bien agir sur les dernières récalcitrantes pour achever de ruiner toutes les économies du continent au nom de la doxa libérale.

Pour notre modèle de gestion à 3% de déficit et notre croissance à trois points, les résultats sont moins évidents. A aucun moment, les pays d’Europe n’ont connu une telle croissance depuis….2000. Mais attention, le challenge reste toujours d’actualité.

Une question se pose alors sur ce fameux modèle économique. Soit nous avons à faire avec une bande de pieds-nickelés en France comme partout en Europe, depuis des décennies….soit notre modèle théorique néolibéral est à revoir. Soit les deux !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :