« La gauche pourrait bien mourir », déclare Manuel Valls sans rire…il m’étonne que personne ne lui ait répliqué que le PS, lui, était déjà mort. Du « grand cadavre à la renverse » de l’inénarrable BHL aux alentours de 2008, à la déclaration péremptoire de notre premier ministre, le PS (Parti Solférinien) n’en finit pas de crever et la gauche avec lui. Gauche, PS, plus personne n’est en mesure de savoir si ces deux là appartiennent déjà au royaume des limbes (limbus patrum) ayant déjà quitté cette terre, en attente d’entrer aux enfers, ou bien si, un jour, un messie viendra les sauver de leur descente aux enfers, un prochain vendredi saint. A moins de penser à la résurrection et faire sienne la sentence de Winston Churchill : «A la guerre, vous ne pouvez mourir qu’une seule fois. En politique, plusieurs fois. », la gauche est bien en état de mort clinique.

Personne n’a donc relevé cette assertion de notre premier ministre. Personne et sûrement pas la droite ! Même, la blonde aryenne n’a pas moufté. Chez Marine, ce qui bloque c’est le complexe d’Œdipe. Il faut tuer le père, si ce n’est dans une guerre, tout au moins politiquement. Côté UMP, c’est pire encore, on se trouve là dans une situation qui leur ferait envier celle du PS. Entre la batterie de casseroles que traine le mouvement depuis les cinq ans de présidence Sarkozy et le « fait-tout » version cuisine de collectivité, qu’ils viennent de se prendre en plein pif avec l’affaire Bygmalion, les conservateurs ne risquent pas de récupérer de sitôt et seraient bien mal avisés de moquer leurs collègues du PS soutenant ce gouvernement. C’est vous dire dans quelle pataugeoire nage notre pays

Ainsi, pour la première fois nous sommes face à une crise qui touche nos deux grands partis de gouvernement, l’UMP et le PS, quant au FN, la crise n’en est pas moins grave mais la solution semble plus aisée à trouver.

Elle couvait pourtant, chez l’un comme chez l’autre, cette crise. Au PS, comme à l’UMP on connût l’épisode de la guerre des chefs. Avouez que les scénarii Royal/Aubry et Fillon/ Copé se ressemblaient furieusement. Cet antagonisme, au sein d’un même parti où les tenants d’une ligne s’opposent aux partisans de l’autre ligne a pour effet certain de décrédibiliser le mouvement qui le porte. A l’UMP, cependant, on pouvait croire que derrière les deux marionnettes de la COCOE se cacher le tireur de ficelles, Nicolas. On sait aujourd’hui que la crise est plus grave et que la guerre de succession est lancée entre partisans de Pov’con et ceux qui voudraient passer l’étape du « sarko is back ». Notre ancien président trimballe une bonne demi-douzaine d’affaires plus ou moins louches qui pourraient le faire passer par la case prison sans qu’il touche 20.000 francs, avant même de pouvoir s’inscrire au prochain combat de coq présidentiel. Certains à droite trouvent que l’odeur de roussi pourrait leur faire manquer leur prochain maroquin et que, par conséquent, ils doivent miser sur le bon cheval. Le problème est qu’il n’y a plus guère de pur-sang à l’UMP et beaucoup de Rossinante (Estrosi, Balkany ou Morano étant plutôt des mules)

Pour le Parti Solférinien, l’exercice du pouvoir et les prises de positions libérales édictées les unes derrière les autres depuis 2012 l’on définitivement coupé de sa base. Le fait, qu’à peine élu, François utilise les mêmes recettes économiques que son prédécesseur a fini de démoraliser nos concitoyens. Il est avéré qu’aux dernières élections présidentielles, bon nombre des électeurs ont souhaité avant toute chose se débarrasser de Nicolas et par défaut se sont donc contraint à voter pour son challenger. En aucun cas ce vote ne fût d’adhésion : entre deux maux, il fallait choisir le moindre. Il apparait de plus en plus évident que les deux maux étaient identiques. Les électeurs de plus en plus épars lorgnent désormais vers les terres de l’exclusion et de la préférence nationale…c’est vous dire !!

Et aujourd’hui, même les fachos se tirent la bourre, pour savoir si le parti est ouvertement révisionniste et pro-fasciste ou si on peut encore trouver un paravent suffisamment blond, suffisamment lisse, suffisamment RPRisé pour dissimuler aux regards des badauds les croix gammées et les cranes rasés du GUD ou du bloc identitaire, travaillant en arrière-boutique. La crise Le Pen-Le Pen coïncide bizarrement avec celle de l’UMP qui, ces derniers temps, hésitait lui aussi, entre un front républicain de pacotille et un autre front plus national, avec ses appellations, à peine contrôlées, de droite forte et /ou décomplexée.

Alors, me direz-vous face à cette déliquescence généralisée de nos partis traditionnels, la gauche de la gauche devrait avoir ses chances ? Malheureusement, la formation d’une gauche réelle reste elle aussi dans les limbes ( limbus puerorom), mort né errant entre un PC mourant et une autre gauche qui n’arrête pas de s’émietter : Nouvelle Donne, la FASE, la gauche alternative, les ex-trotskistes ou encore les alternatifs ou le PG n’arrivent pas à trouver un terrain commun sur lequel se retrouver. Tout y est, sauf l’essentiel, un projet suffisamment fédérateur pour attirer l’adhésion de nos concitoyens. Trop révolutionnaire, trop doctrinaire, pas assez affranchie du PS ou trop parcellaire dans ses revendications, le markéting de la gauche cherche encore son packaging, cherche ses marques et pour tout dire, se cherche encore. Les penseurs et théoriciens sont là, les orientations sont prises mais il reste encore une figure, un leader à trouve. Car sous la cinquième république la réalité autocratique est bien présente et espérer diriger le pays demande à ce qu’un chef sorte du lot.

Qui osera faire basculer notre république d’une démocratie élective vers une démocratie représentative et participative ? Aujourd’hui personne ! Certains avaient prédit qu’après une crise financière arriverait l’économique, puis la sociale et enfin la crise politique et morale. Sans s’être éloigné des trois premières crises, nous voilà arrivés à la crise finale.

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