Encore une défaite de la sociale démocratie !

Après l’Italie, où le centre-gauche a été laminé aux dernières élections, laissant ainsi le champ à la droite dure de Berlusconi, associée à l’extrême droite, c’est au tour de l’Allemagne de voir la gauche de compromis, sanctionnée.

Hier, outre-Rhin, le SPD, qui participait à une alliance de gouvernement avec Angela Merkel, a vu fondre son pourcentage de voix au profit des libéraux.

Saluons, cependant, le score d’Oskar Lafontaine, « die Linke », qui espérait passer la barre des 10% et qui, au final, approche le score des libéraux allemands  avec13%, contre 8% en 2005.

Certains analystes s’étonnent de voir arriver au pouvoir les libéraux, alors que la crise bat son plein en Allemagne. Mais est-ce vraiment une victoire du libéralisme ou une défection des électeurs envers un SPD (centre-gauche) qui allié à la droite allemande, durant le dernier mandat, n’a plus guère d’alternative à proposer aux électeurs.

 Une leçon de plus, pour nous socialistes Français, qui tergiversons entre une gauche affirmée et une alliance avec l’UDF d’hier.

Nous avons senti le vent du boulet, envoyé par les électeurs, au vote des européennes et il serait temps d’affirmer clairement un changement de paradigme plutôt que d’essayer de reprendre le pouvoir sans programme, en comptant simplement sur des hommes (et des femmes) bénéficiant d’une aura  médiatique temporaire.

Le paradigme nouveau existe. On peut le nommer : une politique sociale et environnementale indissociable d’une gouvernance durable et d’objectifs économiques de long terme. Cette politique, défendue aujourd’hui par bon nombre d’économistes conscients des limites d’un système capitaliste financiarisé et qui remet en cause à la fois le libre-échange et la pseudo-croissance, que l’on connaît depuis maintenant 20 ans.

L’actuelle réorientation politique, engagée par Martine Aubry, tend vers cet objectif du développement durable, même si, pour l’instant elle concerne la refondation du PS lui-même. Larrouturou, Liem Hoang Ngoc, économistes socialistes prônent ce changement de développement.

Demain, camarades, il faudra opérer un choix d’alliance entre une sociale démocratie, à bout de souffle, et une politique de gauche écologique sociale où la croissance de la consommation n’est plus l’objectif à poursuivre. Nous avons mis 150 ans à croître, en détruisant la planète, il apparaît possible de vivre, et de croître, 150 autres années, en tentant de la remettre d’aplomb.

Le rapport Stiglitz est de ce point de vue un outil à mettre dans notre mallette, pour démonter que demain, le bonheur  est encore et toujours dans le pré à condition de penser au pré lui-même avant d’en programmer l’exploitation agro-alimentaire ou foncière.

La sociale démocratie est une paresse intellectuelle et une lâcheté politique qui pourrait amener la gauche à se dissoudre dans la solution libérale. N’en doutons pas, les tenants du pouvoir actuel, en France comme en Europe, cherchent un retour, le plus rapide possible, au libéralisme. En détournant l’attention des peuples, qui subissent cet entêtement idéologique depuis plus de 20 ans, par des mesures cosmétiques et une politique de communication, ils favorisent les positions des extrémistes et mettent en place les conditions d’une crise sociale qu’ils sont prêts à mater, plus tard, par la force. Les années 30 ont permis les dérives nationalistes en Allemagne, en Italie et en Espagne, ne doutons pas, qu’aujourd’hui, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Déjà l’Italie, la Hongrie mettent en place des politiques xénophobes.

Déjà la France remet en cause, depuis 10 ans, le système social qui la protège pourtant aujourd’hui des effets de la crise. Et demain ? Doit-on attendre des jacqueries et des révoltes sanglantes pour comprendre que nous allons à une vitesse supersonique vers un mur infranchissable qui se nomme la crise environnementale, alors que nous venons tout juste de prendre, en pleine figure, le muret de la crise économique ?

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